Short story

Il broyait du noir

Il a vu rouge

Et c'est à l'arme blanche

Qu'il a buté Rose...

Ibara

Une page

Je viens de tourner une page

Une page de longue haleine

Suffocante et rebutante

Une page à déchirer

Brûler

Et oublier

A tout jamais...

Ibara

Le vieux canasson

Il y a encore quelques années en arrière, j'étais un fringant étalon.

Je ne suis plus aujourd'hui qu'un vieux canasson dont la crinière s'est sensiblement éclaircie et dont les forces se sont particulièrement amoindries.

Pourtant, je n'éprouve aucun regret car j'ai conservé intacts, il est vrai, ce redoutable humour et cette inlassable curiosité qui ne m'ont jamais abandonné...

 Ibara

La queue du rat

Avec sa queue un rat caresse le ventre rebondit d'une grenouille qui en frissonne de plaisir.

Elle écarte ses cuisses d'une blancheur immaculée et les offre à la contemplation éblouie du muridé qui en pleure d'émotion.

Brusquement celui-ci se retourne et détale la queue entre les jambes.

Dépitée la batracienne le regarde s'enfuir et dit en soupirant:

"Il faut se méfier des amoureux d'égout car l'effluve de la mare fait fuir le bâtard".

Puis elle s'étire, plonge dans l'eau saumâtre et va retrouver son crapaud....

Ibara

Animal sentimental

Dans le silence de la nuit il écarta les cuisses d'une dinde.

Celle-ci s'émoustilla pensant qu'il n'oserait pas la manger tant il paraissait épris d'elle.

C'était bien mal le connaitre.

Il la dévora, manifestant ainsi son amour cannibale pour un animal follement sentimental...

Ibara

Rires

Les rires absolus qui illuminent les visages des morts désespèrent l'espérance des vivants...

Ibara

Fête Nationale 2016

Ce monde est mort.

Déjà il se couvre du linceul de l'oubli.

Des ombres frissonnent au vent funèbre.

La lune caresse de sa pâle lumière blanche le ventre rouge d'une femme.

Près d'elle, un enfant aux yeux bleus regarde sa mère qui semble dormir...

Ibara

Deux en une

La mère d'Emmanuel est morte brutalement d'un accident domestique.

Elle a glissé dans sa cuisine sur le sol carrelé qu'elle venait de laver.

Elle est tombée en arrière et s'est fracassée le crâne.

Elle est morte sur le coup.

Emmanuel en a été fort affligé.

Il aimait sa mère.

" C'est la vie mon chéri " lui a dit Brigitte en le prenant dans ses bras.

Emmanuel s'est laissé faire.

Brigitte l'a alors serré plus fort.

Ce qui a failli étouffer Emmanuel.

En se dégageant de l'étreinte abusive, Emmanuel s'est rendu compte que Brigitte souriait.

"Pourquoi souris tu?"

"Je souris parce qu'à présent, en plus d'être ta femme je suis aussi ta mère."

Emmanuel est resté un moment silencieux.

Il s'est dirigé jusqu'à la fenêtre, l'a ouverte, puis il s'est retourné vers Brigitte et lui a dit d'un ton ferme: "Saute!"...

Ibara