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L'individualiste positif

Publié le : 18 octobre 2015 à 13h29

L'individualiste positif

J'ai toujours exécré le collectif, le groupe, l'association, le parti, le club et même la famille en tout cas la mienne.

Il est certes des familles heureuses, mais j'aurai été bien incapable, étant donné mes expériences passées, d'en apprécier l'ambiance si j'avais dû, même pour une durée de temps très court, partager l'existence de l'une d'entre elles.

Ma mère, chancelante dans son rôle de mère, tabasseuse convulsive, cavaleuse et abandonneuse, m'a fait découvrir, Dieu lui rende grâce, et sans même s'en rendre compte, les joies de l'individualisme.

Mes vaines tentatives pour créer une famille se sont toujours soldées par des échecs lamentables.

Tout comme mes infructueux efforts pour adhérer à une quelconque idéologie.

Le nous me répugne, je lui préfère le Je.

Pas égoïste pour un sou, je suis en revanche individualiste jusqu'à la moelle, comme d'autres sont viscéralement pour le collectif combatif, pour l'amour du prochain ou pour le vivre ensemble citoyen.

Toutefois, mon individualisme viscéral ne m'empêche pas, si l'occasion se présente, d'accompagner un individu en fin de vie avec compassion sans que j'ai besoin de le finir avant sa dernière heure au dolethal, ni aider un aveugle à traverser sans me sentir obligé de lui faire un croche pied.

Simplement, je n'aime pas mêler ma voix à celle des autres, elle risquerait de se fausser ou de s'enrouer et perdre de son intensité et de sa clarté.

Ainsi, par exemple je n'ai jamais participé à une manifestation de ma vie.

Gueuler des slogans dans la rue en dansant la carmagnole ou former des monômes en gambillant comme un mille-pattes euphorique ne sont pas dans mes usages.

Je suis craintif dans une manif.

Un attroupement et je m'éclipse aussitôt.

La chaleur humaine me donne des suées et des nausées.

D'ailleurs, je déteste travailler en équipe ou partir en voyage à plusieurs.

Me coltiner aux autres est toujours pour moi une épreuve, voire parfois une véritable torture.

Vivre à proximité des gens m'est insupportable.

Leurs façons de vivre et de penser en général, me déstabilisent.

Je suis pour une relation humaine au compte-gouttes, cependant il est indispensable que les gouttes en question proviennent du nectare du genre humain.

J'entends par là l'homme supérieur.

C'est à dire en tout point un être comme moi.

Je dois le reconnaitre, ces êtres d'exception se comptent sur les doigts d'une seule main et cette main gracile n'est autre que la mienne.

C'est que je suis devenu au fil du temps un grand sensible et si ça continue comme ça, bientôt je serai aussi farouche qu'une une sainte-nitouche.

Que les gens vivent bien, qu'ils s'aiment, s'enrichissent, croient en des tas de choses, qu'ils se disputent ou s'entretuent allégrement, si tel est leur bonheur, grand bien leur fasse.

C'est tout le mal que je leur souhaite, mais qu'ils ne viennent surtout pas encombrer mon espace vital et perturber mon équilibre mental avec leurs chamailleries et leurs pleurnicheries de romans photos ou de sitcom pour ados.

Je suis pareillement allergique, même si parfois elle est nécessaire, à toute discipline de groupe.

Elle vous fait perdre le sens du sens et vous entraine sur les routes encombrées du non sens.

Elle implique forcément et à juste titre une hiérarchie avec à son sommet un chef.

La plupart du temps ce chef est un charismatique meneur entouré d'affidés vénérants à défaut d'être vénérables, souvent malvoyants.

Cette discipline de groupe entraine aussi, et presque toujours, des tensions dus à des rapports de force, des humiliations, des jalousies, des finasseries, des lèche-cutages ou des trahisons qui finissent toujours par faire éclater, tôt ou tard, l'armature de l'ensemble.

Or tout cela m'est impossible à supporter, je n'aime pas subir une autorité.

C'est pourquoi après de nombreuses expériences, quitte à m'isoler et à m'exclure, j'en suis venu à préfèrer et de loin, mon ordre, ma discipline et ma liberté individuelle...

 

Ibara

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